A proporsRépétitionsConcertsDiversPlan du site
Saisons précédentesPortraits

Samedi 22 et dimanche 23 novembre 2003, à Forum Meyrin

Au programme

Symphonie N° 1 en mi bémol Majeur

Wolfgang Amadeus MOZART

Allegro Molto
Andante
Presto

 

Andante et Rondo ungarese

Carl Maria von WEBER

pour alto et orchestre

Adante
Rondo ungarese

Soliste : David COURVOISIER

 

Symphonie en ré mineur N° 26

Joseph HAYDN

Lamentatione. Weihnachtssymphonie

Allegro assai con spirito
Adagio
Menuetto

 

Suite pour petit orchestre N° 1

Igor STRAWINSKY

Andante
Napolitana
Española
Balalaïka

 

Suite pour petit orchestre N° 2

Igor STRAWINSKY

Marche
Valse
Polka
Galop

 

Direction : Philippe GIRARD

A propos du programme

La famille Mozart entreprendra plusieurs voyages pour faire connaître au monde l’incroyable talent du dernier né, Joannes Chrisostomus Wolfgang Gottlieb. Visitant tour à tour l’Allemagne, l’Autriche, la France, les Pays-Bas, la Suisse, puis, lors de voyages ultérieurs essentiellement l’Italie, Leopold, le papa, exhibe l’enfant prodige. On le lui reprochera assez. Par la suite, il tentera de lui trouver un poste digne de son génie. On sait à quel point l’Europe, tout d’abord impressionnée par cet enfant extraordinaire, se détournera du jeune musicien qu’elle ne comprend plus.

Le 8 février 1765, Leopold Mozart écrit de Londres à son ami Lorenz Hagenauer resté à Salzbourg : « …Ô combien ai-je à faire. Les symphonies du concert seront toutes de Wolfgang Mozart, je dois copier moi-même toutes le parties si je veux éviter de payer 1 shilling par feuillet. Il faut être bon copiste ici, Estlinger (bassoniste et copiste à Salzbourg) rirait. Je lui fais mes félicitations. Addio »

Tout est là. Le père bien organisé, soucieux d’éviter les dépenses inutiles annoncant ce concert non sans fierté comme celui de Wolfgang MOZART. Concert auquel seront jouées probablement les quatre premières symphonies de Mozart qui nous sont parvenues, soit les Köchel 16, 16a, 19 et 19a.

Conçues selon le modèle italien de la sinfonia (l’ouverture d’opéra), elles comportent trois mouvements vif – lent – vif. Dans cette première tentative d’un enfant de huit ans, on appréciera la verve des mouvements rapides ainsi que la profondeur surprenante du mouvement central. Notons qu’aux mesures 7 à 10 de ce mouvement lent, l’oreille attentive remarquera au cor un motif de quatre notes longues (mi bémol, fa, la bémol, sol) qui se retrouveront dans le stupéfiant finale de la dernière symphonie de Mozart, la symphonie N° 41 KV 551 dite « Jupiter » . Un hasard ?

Le 18 octobre 1809, Carl Maria von WEBER achève pour son frère Fritz la composition d’une pièce de concert pour alto qu’il intitule Andante e Rondo ungarese per l’Alto Viola Solo con gran Orchestra. Lorsqu’il écrit cette pièce, Weber, autodidacte de grand talent, sachant glaner où il passe la culture que sa vie de bohème ne lui aura pas procuré, vient de quitter le poste de Kapellmeister du théâtre de Breslau pour devenir secrétaire privé du duc Ludwig au Wurtemberg. Il sait déjà que le théâtre, l’opéra sera son univers de prédilection.

Cette pièce de caractère se place dans la grande tradition virtuose des morceaux de genre. Les différents épisodes qui la composent sont bien à même de souligner les qualités tant techniques qu’expressives d’un soliste. La pièce est constituée de deux séries de variations, l’une Andante adoptant le délicat balancement de la mesure ternaire et l’autre dans le caractère rhapsodique d’une danse hongroise.

En 1813, Weber arrangera cette pièce pour basson en modifiant légèrement sa structure et l’accompagnement orchestral. C’est sous cette forme qu’elle est le plus fréquemment jouée. La version originale que vous entendrez ici ne fut redécouverte et publiée qu’en 1938.

Joseph HAYDN eut la chance (et l’intelligence de saisir cette chance) d’entrer très tôt au service d’un patron, le Prince Esterhazy, qui entretenait un excellent orchestre. Cette situation qui peut être ressentie par certains comme une limite aux libertés d’un artiste, permit à Haydn d’explorer en détail toutes les possibilités qu’un orchestre de qualité lui offrait. L’important corpus des symphonies de jeunesse du compositeur porte la trace de cette exploration. Testant toutes les combinaisons orchestrales, explorant les alliages de timbres les plus neufs, Haydn se forge une plume d’une virtuosité exceptionnelle.

La symphonie N° 26 est la dernière symphonie du compositeur à ne comporter que trois mouvements. Or ce n’est pas le menuet qui manque comme nous l’avons vu dans la symphonie de Mozart citée plus haut mais le finale. Haydn ne conclut pas son œuvre sur le tourbillon optimiste d’une gigue finale mais sur les accents oppressés d’un menuet qui laisse l’auditeur sur une impression d’inachevé. Il faut y voir l’affirmation d’une intention clairement mentionnée dans le sous-titre « lamentatione ». En effet, la pièce toute entière, destinée à la Semaine Sainte de l’année 1769, est tissée de citations de mélodies d’église, médiévales pour la plupart, destinées à chanter la Passion du Christ. Ces mélodies, pour l’essentiel, apparaissent non pas dans les parties les plus à découvert de l’orchestre, mais aux seconds violons et au hautbois. On suivra toute une dramaturgie faisant alterner le discours de l’Evangéliste, du Christ ou de la foule demandant la crucifixion de Jésus. Ces éléments, difficiles à discerner pour l’auditeur d’aujourd’hui, durent sauter aux oreilles des contemporains de Haydn tant ces mystères étaient encore connus et pratiqués à l’époque. On retrouve ce procédé de citation d’un motif liturgique dans le mouvement lent. Une vaste mélodie, ressemblant à un choral, est exposée aux instruments à vent alors que les cordes tissent une guirlande de doubles croches qui serpentent autour de ces valeurs longues.

Igor STRAWINSKY composa entre 1915 et 1917 deux Suites pour piano à quatre mains. Constituées de danses nationales, de pièces de genre, ces deux suites sont loin pourtant de ressembler à ces innombrables cahiers de pièces de salon dont le XIXème siècle raffolait. On retrouve ici le souci de plus en plus manifeste sous la plume de Strawinsky de limiter le matériau thématique à de petites cellules très simples. Tout le travail du compositeur consistera à agencer ces cellules de façon toujours nouvelle, les présentant avec un accompagnement toujours différent. Le sommet de ce procédé technique étant atteint avec l’Histoire du Soldat et surtout les Trois pièces pour clarinette seule, œuvres datant toutes deux de 1918.

Toujours dans un souci de valoriser sa production au maximum, les différentes versions et réorchestrations de ses ballets en témoignent, le compositeur instrumentera ces deux suites en en réorganisant légèrement l’ordonnance.

Il faut admirer l’inventivité toujours renouvelée du musicien qui, avec ce petit orchestre, explore des combinaisons de timbres extraordinairement variées. Dans un environnement orchestral sans cesse renouvelé, les petites cellules mélodiques se voient éclairées de manière toujours originale. Loin des rutilances du grand orchestre de l’Oiseau de feu ou du Sacre du printemps, Strawinsky détaille avec finesse et toujours beaucoup d’humour les différents morceaux de ces suites.