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3 novembre 2001, Forum-Meyrin

Au programme

Symphonie en Do Majeur

Allegro molto
Larghetto
Menuetto I – Menuetto II – Menuetto I –
Finale

Andante Spianato et Grande polonaise brillante, Op. 22

Piano Gilles LANDINI

Sinfonia N° 44 en Mi mineur

Allegro con brio
Menuetto
Adagio
Finale

Konzertstück Op. 79 en Fa mineur

Larghetto, ma non troppo –
Allegro passionato –
Tempo di marcia –
Presto assai

Piano Gilles LANDINI

Direction Igor DIAKOFF

A propos du programme

Karl Ditters von Dittersdorf (1739-1799), Symphonie en Do majeur

Karl Dittersdorf, jeune violoniste, étudie la composition avec Bono. Se liant aussi d’amitié avec Glück, il l’accompagne dans ses voyages en Italie, où il trouve l’occasion de jouer en public. Après 10 années au poste de Kappellmeister de l’évêque de Grosswarden en Hongrie, sa carrière de compositeur commence sérieusement ; il écrit un oratorio, des cantates, des pièces pour orchestre et de la musique de chambre.

Toutefois, il compose ses œuvres les plus dramatiques à Vienne et pour le théâtre ducal d’Œls. Il acquiert la renommée avec son premier Singspiel (Doktor und Apothieker).

Il est anobli par l’empereur en 1773. A la mort du prince-évêque de Breslau, dont il était devenu le Kapellmeister, il se voit accorder une petite pension et se trouve dans le besoin jusqu’à ce qu’un ami, le baron Stillfried, l’accueille dans son château où il restera jusqu’à sa mort.

Même s’il n’avait pas le génie de Haydn ou de Mozart, Dittersdorf est un personnage important dans l’école classique viennoise. Sur plus d’une centaine de symphonies composées, les plus connues sont les 12 symphonies sur les « métamorphoses d’Ovide » : les N° 1 à 6 existent encore, les N° 7 à 12 ayant survécu sous forme d’arrangements pour piano à 4 mains de Dittersdorf.

Aucun commentaire particulier n’a été trouvé sur la symphonie en Do majeur que nous entendrons ce soir, elle ne fait pas partie des 12 précitées, mais elle n’en est pas moins agréablement conviviale, et elle nous laisse donc seul juge pour l’apprécier.

S.B.

Frédéric Chopin (1810-1849), Andante Spianato et Grande Polonaise brillante pour piano et orchestre, Op. 22

Chopin écrivit d’abord une polonaise concertante et espérait ainsi, en la jouant, en faire une « carte de visite » pianistique. On sait que la Polonaise est une danse modérée à caractère de marche. Quand elle retentissait dans les demeures aristocratiques, les hommes allaient inviter les femmes, non pas en fonction de leur beauté mais de leur titre de noblesse. Ainsi peut-être était-on sûr qu’aucune femme ne resterait assise… Puis on partait, deux par deux, en une longue farandole, faire le tour du propriétaire.

La danse deviendra, à la maturité de Chopin, symbole de résistance à l’envahisseur russe. Elle est ici raffinement et romantisme, poésie et même insouciance, car Chopin n’était pas que nostalgie, révolte, dépression ; l’image de l’éternel tuberculeux alangui est à revisiter : c’était aussi un être espiègle et d’un humour parfois mordant.

En introduction à la polonaise et contrastant avec elle, l’infinie rêverie d’où s’exhalent des effluves de mazurkas s’organisent dans un andante spianato (aplani, plane) évoquant l’apesanteur où nous entraînent doucement des pensées bienheureuses.

G.L.

Carl Maria von Weber (1786-1826), Konzerstück en Fa mineur, Op. 79

Connu aujourd’hui surtout pour un opéra (le Freischütz), une pièce pour piano (l’invitation à la valse), on imagine mal la place de ce compositeur dans la vie musicale de son époque et de tout le XIXe siècle. Il était incontournable. Excellent pianiste, chef d’orchestre, directeur de théâtre (opéra), compositeur fêté. L’opéra allemand sera la grande affaire de sa vie ; Wagner se réclamera de lui.

Voici un morceau de concert qui resta son œuvre pour piano et orchestre la plus jouée. Ce genre de composition écrite pour mettre en valeur le soliste fait florès au début du XIXe siècle, la plupart du temps ce sont des pièces de musique d’où sont exclues toutes… musique, technique, prolixité, bref, ennuyeuses.

Ici, il n’en est rien. Musique passionnée, raffinée, délicate, elle n’est pas sans parenté avec Mendelssohn ou avec Chopin.

Un argument poétique accompagne l’œuvre mais Weber ne le laissa jamais publier et c’est son élève, Julius Benedict, qui le rapporta : Une Châtelaine attend le retour de son mari des croisades, il y a bien longtemps qu’il est parti, peut-être est-il mort, elle revoit son visage, elle espère, elle prie… Mais une vision d’horreur la tourmente ; elle voit le chevalier gisant sur un champ de bataille. Que n’est-elle près de lui afin de le rejoindre dans la mort… Voilà qu’au loin on entend une marche, un cortège s’approche. Ils sont de retour. Joie inextinguible des retrouvailles avec son époux victorieux.

L’œuvre, malgré ses différentes parties, est d’un seul tenant.

G.L.

Joseph Haydn (1732-1809), Symphonie N° 44 en Mi mineur « funèbre »

Malgré son titre peu engageant, l’œuvre n’a rien d’à proprement parler de « funèbre ». Il s’agit plutôt d’une méditation sur les tensions, les repos de la vie, ses angoisses et ses idéaux.

Le surnom de l’œuvre vient de l’anecdote peut-être apocryphe qui voudrait que le compositeur ait demandé que le mouvement lent soit joué à son enterrement. Il est à noté que justement c’est ici la partie la plus sereine de la composition.

L’œuvre est d’ailleurs d’une grande unité de ton, sans être ascétique, tout va dans le sens de cette réflexion sur la globalité de la condition humaine : le premier mouvement se base sur une mélodie quasiment obsessionnelle, puis un bouillonnement oscillant entre angoisse et joie.

Normalement comme 2e mouvement devrait se trouver le mouvement lent. Surprise. Nous écoutons un canon en forme de menuet. L’idée qu’une mélodie énoncée est reprise rigoureusement par d’autres instruments sans écart avec le modèle renforce le sentiment d’implacabilité qui plane sur l’œuvre. Ce mouvement semble aussi tourner sur lui-même, par là, il accentue aussi l’obsession du premier mouvement. De danse aimable, le menuet devient ronde angoissante. La partie contrastante (le trio) préfigure par son humeur le mouvement lent, il apporte un instant d’air frais.

Après ces deux parties surenchérissant dans l’inquiétude, voici le cœur de la symphonie, un pur joyau de grâce, d’amour.

Le dernier mouvement, par sa frénésie renoue avec l’atmosphère dominante de l’œuvre. L’espoir n’a pas vaincu.

G.L.